Coup de Coeur Jeu à Paraître : Forêt Mixte

Notre métier de ludicaires consiste à dénicher les pépites ludiques qui vous raviront et enrichiront notre sélection. Cette année notre commission était accompagnée d’une personnalité ludique certaine : Monsieur Guillaume. Là tout de suite …

On vous parle de :

Forêt Mixte

Un jeu de Kosch

Illustré par Judit Piella et Toni Llobet

Edité par Lookout Games

l'avis du ludicaire

Forêt Mixte est le type de jeu que j’adore : des règles très simples mais un vrai challenge pour optimiser son jeu et ses points.

A votre tour, soit vous prenez une carte dans la rivière, soit vous posez une carte en en défaussant certaines de votre main pour la payer. On ne peut plus simple ! Et pourtant… le jeu propose un très grand nombre de combinaisons ; toute pose est aussi un sacrifice puisque seule une moitié de chaque carte sera visible. Cruel ! Donc, quels choix ferez-vous ? Seront-ils les bons ? Seul le décompte pourra vous le dire. C’est malin, c’est frustrant et donc ça a un énorme goût de reviens-y (encore et encore) !

Yannick, Le Temps d’un Jeu Langueux (22)

l'article de Mr Guillaume

Il ne vous aura certainement pas échappé, si vous vous tenez un peu au courant des sorties et nouveautés ludiques, que, depuis Wingspan et Mariposas, la forêt et autres paysages champêtres, les animaux de tous types, bref, la nature quoi, est très à la mode, ludiquement parlant. Presque à en ressentir un brin d’étouffement, finalement : Earth, Earthborne Rangers, Biotope,  , Cascadia, Meadow, Evergreen, Living Forest, Verdant, Renature… Oui, vraiment, il y a ce qu’il faut !

Par le fait, il en est presque difficile de ressentir autre chose, lorsque l’on vous en propose un nouveau, que : « et allez, encore à faire pousser des plantes… » Pourtant, le dernier jeu créé par Kosch édité chez Lookout Games et traduit par Edge a éveillé notre attention au fur et à mesure de son développement jusqu’à finalement se dire : « Il est quand même bien cool, celui-là, non ? »

 

Une fois n’est pas coutume, Forêts Mixtes (quel titre étrange, même si le propos se comprend lorsque l’on sait de quoi il retourne) n’est quasiment constitué que de cartes. Des pleines représentant différentes essences d’arbres ; des divisées en deux entre haut et bas représentant des volants, insectes ou oiseaux et des rampants, insectes ou animaux ; Enfin, des divisées en deux entre gauche et droite, là encore avec divers animaux mais de taille plus importante.

Votre objectif, évidemment, sera de jouer ces cartes de façon opportune et méthodique pour récolter un maximum de points de victoire. Et pour ce faire, vous jouerez des arbres et y adjoindrez, à gauche, à droite, en haut et en bas, des animaux, plantes et autres champignons pour maximiser le fonctionnement harmonieux de votre biotope… Et comme chacun fonctionne avec ses propres desideratas, vous devrez choisir, et donc renoncer ! Ah, délicieuse frustration ludique qui ne te permet pas de tout faire !

Lors de votre tour de jeu, simple et rapide, une action parmi deux : Piocher deux cartes à l’aveugle ou dans la rivière appelée clairière pour l’occasion (et avec un maximum de 10 cartes en main). Ou jouer une carte et payer son coût, en cartes, depuis votre main, monnaie qui rejoint la clairière d’ailleurs. Prenez garde de ne pas lâcher celle qu’attendent vos adversaires. Oui, mais d’un autre côté, si vous payez avec les bons types de cartes, vous déclenchez un effet bonus… argh… que faire ? Et si ce n’était que ça, mais lorsque la clairière contient elle-même 10 cartes, elle est vidée. Niark niark niark, au revoir les cartes tant attendues !

Lorsque sort la première carte Hiver, les frimas ne sont pas loin. Vous arrivez dans le dernier tiers de la pioche et vous savez que les deux dernières cartes Hiver sont dedans. Lorsque la troisième est piochée, fin immédiate de la partie. Il est temps d’additionner les glands (nous ne parlons pas là des joueurs) pour voir qui est vainqueur : Plein de petites cartes ou quelques juteuses en points, des collections identiques ou différentes, des cartes qui fonctionnent en synergie, d’autres en solo… et même des cartes qui, ayant rejoint, par effet de jeu, votre caverne (comme l’ours, bien sûr) seront décomptées.

Les illustrations réalistes de Toni Llobet et Judit Piella, au style rappelant celles que l’on peut voir dans les encyclopédies et autres ouvrages de documentation naturaliste, sont à la fois suffisamment discrètes pour ne pas « déranger » le jeu tout autant qu’agréable à regarder lorsqu’on s’y arrête : « toi, mon bel Autour des palombes, tu es le phénix des hôtes de mes bois ! ». Si le rythme de jeu des premières parties, lorsqu’on découvre et lit les cartes (l’iconographie est rapide à assimiler pour peu que vous ayez un peu d’expérience dans ce type de jeu), peut être un poil plus lent, très vite, les joueuses et joueurs se sentent en zone de confort et reste le plaisir du jeu : Beaucoup d’arbres et quelques éléments à côté pour parachever le tout, peu d’arbres mais extrêmement (et intelligemment) remplis, entre les deux, visant les papillons ou les ongulés… Bref, plusieurs chemins sont possibles avec, peut-être d’avantage un côté tactique (s’adapter aux cartes qui sortent, que les autres laissent, que l’on a en main) plutôt que stratégique (attendre sur le long terme une carte qui finit jetée ou qui ne sort pas est peut-être un poil audacieux dans ce jeu), mais c’est aussi ce qui lui donne un sentiment ludique plaisant où, à la fin de la partie, quelle que soit votre position, vous aurez le plaisir de regarder le « mixte » de forêts que vous aurez réalisé en vous disant : « elle est chouette ma forêt, avec son grand Cerf, ses lièvres et son sanglier… J’ai perdu, mais j’m’en fous, moi, j’la trouve chouette ! » Oui, on se console comme on peut !

 

Mr Guillaume